diées vont au père ou à la mère, suivant le sexe. Les Turcs et les Égyptiens se détestent. Il paraît que les premiers sont plus ignorants, mais ils occupent presque toutes les places. Autrefois l ’administration appartenait exclusivement aux Turcs; Saïd-Pacha a essayé de faire des personnages parmi les fellahs, mais ils manquent d’énergie et n’ont pas conscience de leur dignité. Un Égyptien, même riche, ne pourrait se permettre d’acheter un eunuque, sans passer pour un homme orgueilleux qui veut s’élever au-dessus de son rang. C’est aux Turcs seulement qu’il appartient d’acheter cette marchandise. Les fellahs méprisent les chrétiens. En Egypte, les ouvriers sont payés médiocrement, mais ils font peu d ouvrage; ils fument constamment en travaillant. Les Égyptiens se résignent difficilement à servir de domestiques ; à peine ont-ils quelques piastres qu’ils vont les dépenser. Madame X... me raconte que le fellah ne paye l ’impôt que sous le bâton, et c’est même un point d’honneur pour lui. Les femmes traitent de lâche l’homme qui paye sans y avoir été forcé ; mais celui qui paye après avoir été fortement bâtonné est un brave. Un jour, un homme ayant refusé de payer, reçut quinze cents coups de bâton sur les pieds; il en demeura estropié pendant quatre mois; mais quand on le ramena chez lui, toutes les femmes de son village allèrent à sa rencontre et le portèrent en triomphe, voulant ainsi témoigner de leur admiration pour le courage qu’il avait montré. Un autre mari revenait après avoir payé ; sa femme l ’accabla d’injures j mais elle se calma tout à coup en voyant les traces des coups qu’il avait reçus. — Un fellah avait caché son argent dans sa bouche, et de temps en temps, pendant qu’on le battait, vaincu par la douleur, il faisait passer une pièce au receveur de l ’impôt. Je crois que l’ascendant des femmes fellahs sur leurs maris pourrait être utilisé pour relever ce peuple. Ôn voit, en effet, par les exemples que je viens de citer, qu’ils sont capables de supporter de cruels supplices pour éviter le blâme de leurs femmes. La lutte qu’ils soutiennent pour conserver leur argent se comprend aisément, si l ’on songe à la peine qu’ilé se donnent pour l’acquérir et à la rapacité des mudirs. En échange d’un impôt qui augmente sans cesse et que, le plus souvent, ils payent d’avance, ils n’obtiennent rien, ils ne sont pas même protégés. L’impassibilité des Arabés a quelque chose de surprenant. Ainsi, en allant avec un ami promener un soir au Caire, dans une voiture, nous trouvons les rues encombrée? de gens assis sur des branches de palmier. Personne ne se dérange, ces malheureux aiment mieux risquer de se faire écraser que de faire un pas, et la roue passe à les toucher. En fouettant ses chevaux, notre cocher culbute un godet plein d’huile qui sert de lampe, et en renverse le contenu sur un étalage de fruits. Notre conducteur ne s’excuse pas. Le marchand ne manifeste aucune émotion, et au lieu de se quereller, de demander une indemnité, il nettoie ses fruits sans adresser une seule épithète injurieuse à l ’auteur du méfait. Il se dit très-certainement : C’était écrit. Ici le mot cheik
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