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dont le perfectionnement est l ’objet incessant de ses plus nobles inspirations, y constitue un véritable sacerdoce, sacerdoce de vérités, si jamais il en fut, puisqu’il n admet ni compromis ni mystères, qu’il provoque au contraire partout et sur tout des objections pour les examiner et les rësoudioe, qu’il vit de recherches et de découvertes, et qu’en définitive il ne veut avoir pour base de ses théories que des faits dont la démonstration claire et précise ne permet d’équivoque qu’à la mauvaise foi. Des faits dont l’ensemble forme ainsi la base de l ’enseignement public des hautes sciences en France, les uns sont généraux, et la constatation de leur existence, comme celle des phénomènes divers qu’ils consacrent est, ou dès longtemps acquise, ou s’acquiert à’ l ’aide d’investigations incessantes sans qu’il soit besoin d’ailleurs du déplacement des centres d’étude ; d’autres . sont spéciaux à telle ou telle contrée, à tel ou tel climat, et pour qu’ils soient reçus dans l ’enseignement avec leur portée, leur signification et leur valeur réelles, ils ont dû être ou ils sont l’objet d’études sur place, à distance, et au milieu des circonstances locales par l’influence desquelles ils se sont produits et se sont développés, et sous la pression desquelles leur portée, leur signification et leur valeur se particularisent et se circonscrivent. C’est à l’étude spéciale de ces faits de valeur accidentelle et locale, mais qu’il importe cependant à la science de bien définir et de bien reconnaître, que répondent, dans toutes les branches de l ’enseignement des sciences, les missions de recherches que la sollicitude toujours éveillée du gouvernement organise et entretient dans toutes les parties du globe. Ces missions d’études à l ’étranger sont alors de véritables délégations de confiance, et quiconque a l ’honneur d’y être appelé et consent à s’en charger assume sur soi la responsabilité d’un mandat qui engage également sa valeur d’homme et sa responsabilité de savant. Sentinelle avancée de l ’armée de la science, il ne doit pas plus se laisser abattre par les difficultés en face desquelles l’amènent les conditions de sa mission que le soldat en faction ne doit, la nuit, en face de l ’ennemi, s’effrayer de l ’obscurité qui l’enveloppe. C’est à lui d’avoir le coeur à la hauteur des circonstances et l ’intelligence assez forte et assez lucide pour se guider et se reconnaître. Ernest Godard a été par excellence un de ces enfants perdus de l’armée de la science. Chargé par le ministre d’État « d’étudier les questions qui se rattachent à l’état social, moral et sanitaire des populations de l ’Égypte, de la Turquie d’Asie et de la Turquie d’Europe, » c’est-à-dire d’étudier tout ce qui constitue les moeurs de ces populations étranges, dans ce qu’elles ont de plus intime et de plus particulier à leur race respective, pour en déduire les raisons rigoureuses de l ’état d’immobilité stagnante où elles se complaisent en dépit du mouvement général qui pousse le reste du monde à s’agiter pour marcher en avant, Ernest Godard devait, pour remplir à la lettre l ’inten


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