III R E L IG IO N COLLEGE DES DERVICHES, PRÈS DE-CASSERLI«. 5 ju ille t 1 8 6 1 . Ce collège est présidé par un cheik dont le titre se transmet de père en fils. Un autre cheik de derviches^ vieillard à barbe blanche, est venu assister aux exercices. Le premier est un homme à barbe noire, à turban, ayant l'air distingué. Parmi les derviches, je,distingue un jeune enfant de douze à quatorze ans, blond, .fort joli, avec de longs cheveux ; il ressemble si fort à une femme, que je suis certain qu’il a, au moins, une imperfection des organes génitaux. Très-probablement ce petit garçon sert de femme-à ses confrères,,Un autre garçon de dix- sept ou dix-huit ans, fort joli aussi, attire mon attention. Les cheveux des vrais derviches ont trente à quarante centimètres de long-. On nous invite à entrer dans la mosquée ; mais il faut préalablement se déchausser et confier ses souliers à un vieux Turc, qui perçoit une légère redevance pour les garder, A ce moment, les derviches sont accroupis en cercle, les yeux fixés sur la chaire au-dessous de laquelle se tient le cheik ; à la gauche de celui-ci sont les musiciens. Toute 1 assistance se dandine d’arrière en avant et crie-: « Allah! Allah! Dieu! Dieu! » Cet exercice dure huit ou dix minutes, après quoi, un homme se lève et chante une histoire du prophète ; de temps en temps, on entend des cris d’approbation. Le président fait une prière, puis tous se lèvent, et les yeux toujours fixés sur le cheik, ils commencent à faire des mouvements d’arrière en avant en abaissant le corps. En même temps, ils font entendre un bruit sourd, analogue au rugissement du lion ; ce bruit est rendu plus fort par la sonorité de la pièce. Ce manège continue sans interruption pendant une demi-heure ou trois quarts d’heure. Quelques derviches ploient leur corps avec une sortede fureur; à chaque instant, on croirait qu’ils vont se briser la tête sur le sol. Le cheik est au milieu; il n’a pas l’air dô se fatiguer trop, il ménage ses forces. Pour faire acte d’humilité probablement, le président va occuper la place d’un de ses inférieurs, qui passe alors à la place d’honneur. C’est lui qui bat, pour ainsi dife, la mesure en balançant son corps; ceci m’explique pourquoi les assistants tiennent toujours les yeux fixés sur le cheik. — Bientôt les mouvements du corps deviennent de plus en plus rapides; pour s’exciter encore davantage on bat plusieurs espèces de tambours. Je quitte la salle au moment où la fureur arrive au plus haut degré. Tous les derviches ne s’inclinent pas également, il y en a qui vont presque jusqu’à terre, ainsi que je l’ai dit; d’autres ne font qu’abaisser la tète. Quelques-uns ont la tête découverte et renvoient en arrière leur longue chevelure; d’autres travaillent en conservant leur turban. Les assistants peuvent s’accroupir sur des peaux de mouton, le cheik a une belle peau de tigre.
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