Page 149

27f 30-1

ment mais d’autant plus, qu’on se rapproche davantage de la partie moyenne du tronc. Il senties piqûres aux deux tempes, au cuir chevelu, au cou, sur le menton. Il ne sent pas aux sourcils, aux joues, aux deux lèvres, aux deux lobules des oreilles. Il souffre beaucoup quand on le pique à la partie antérieure du tronc. 2 6 ju ille t 1 8 6 2 , tes fesses sont sensibles ainsi que le ventre. Il sent dans le dos comme sur le devant du tronc. J ’interroge de nouveau Abdel-Gader ; il ne souffre d’aucune partie du corps pas plus la nuit que le jour; au printemps dernier même, il n’a pas été malade. Cet homme a les dents de devant très-sensibles, il ne peut manger des choses dures, l’ébranlement des incisions et des canines est fort pénible. Il assure qu’il n’a pas de douleurs spontanées dans les os. Bien qu’il ait la peau privée de sensibilité^ il dit qu’il sent une puce quand il la prend avec les doigts. Il paraît que lorsqu’il prend du feu avec les doigts, il ne le'sent pas immédiatement, mais il le sent au bout d’un instant « par la viande et par les os » dit-il. Quoique la plante du pied soit insensible, il ne peut marcher sans chaussures, car s’il marche sur un caillou aigu, il souffre comme si les flammes lui entraient dans le corps, alors, dit-il, il aune sensation de brûlure. Il m’explique que chez les lépreux, quand les phalanges tombent, les plaies s’entr’ouvrent et alors les os s’envont par petits morceaux ils sont comme cassés. Il NOTES SUR LA LÈPRE . paraît que l’élimination des phalanges n’occasionne aucune douleur. Jamais, dit-il, les lépreux ne perdent plus que les doigts. Tous les lépreux ne perdent pas les doigts, il y en a qui meurent en conservant le nez et les doigts. Abdel-Gader, que j ’étudie en l’interrogeant, tient les yeux à demi fermés; privé de sourcils et de cils, la lumière le fatigue, il a le teint jaune spécial, une figure de masque, comme tous les lépreux ; il a la bouche en- tr’ouverte, ce qui tient à ses grosses lèvres saillantes et dures. Il a des cheveüx noirs, lisses, aplatis. Ses gencives sont malades, elles sont pâles, décolorées, la muqueuse des lèvres est blanchâtre, les lèvres fendillées, les dents déchaussées. Sa langue est épaissie et recouverte par de gros tubercules blanchâtres qui occupent la partie moyenne de la langue, d’avant en arrière. Il y a de profondes ulcérations disposées sur deux rangées, le long de la ligne moyenne du palais et du voile du palais ; ces plaies ulcéreuses paraissent profondes, les os doivent être à nu au-dessous. Il y a des plis au fond de ces plaies. La luette a complètement disparu; l ’isthme du gosier est limité par le voile du palais qui est épais, rouge et a perdu sa mobilité (il paraît dur) ; toute la face inférieure du voile du palais est couverte de cicatrices profondes. La voix de cet homme est faible.


27f 30-1
To see the actual publication please follow the link above