Quand un lépreux épouse une femme, il ne l ’achète pas à ses parents, mais il la paye elle-même. Éloué me dit qu’Abd-el-Gader aurait dû lui donner quatre cents piastres, mais comme il était pauvre, elle s’est donnée pour rien. La lépreuse transforme l’argent, prix de son achat, en piastres dont elle fait une sorte de collier qu’elle place sur sa tête suivant l’usage des paysannes de la Palestine, elle coud toutes ces pièces par le trou qu’on leur a fait. Cette somme qui est sa fortune, elle la. tient cachée sous son grand voile. Elle a peur de la montrer. Elle me la montre cependant quand il n’y a personne. Quand elle a absolument besoin d’argent, elle découd une pièce. Éloué a pour vingt francs de petites pièces sur sa tête. Il paraît que le mariage entre lépreux se fait ainsi : Quand l ’homme et la .femme sont d’accord, on fait venir un cheik qui écrit sur un papier la somme que l’homme doit donner à la femme, puis le marié paye un grand dîner à tous les lépreux. Quand dans un village, un homme ou une femme est atteint de la lèpre, on chasse le malade et il doit se réfugier à Ramleh (près de Jaffa), à Naplouse ou à Jérusalem . A Naplouse, il y aune trentaine de lépreux, il y en a à peine à Ramleh, il y en a toujours quelques-uns à Jaffa. Ambdé a eu une petite fille du cheik qui est mort à Pâques, Ce cheik déjà marié, avait eu d ’ u n e première femme lépreuse un petit garçon et une petite fille. Cette première femme avait eu un bouton de lèpre sur le nez, elle était de Naplouse, elle est morte. Ramaiah fournit beaucoup de lépreux, il y en a trois en ce moment qui sont de Ramaiah, et qui demeurent dans leur ville natale ; de plus, il y a ici quatre lépreux de la même localité, ce qui fait un total de sept lépreux. Éloué né croit pas que la nourriture rende malade ; elle croit que la lèpre vient de frayeur ; elle dit que les lépreux qui ont les doigts rétractés ou coupés, peuvent encore avoir des enfants. Elle me dit qu’il y a maintenant à EnnebPond, sur la route de Nazareth, un homme sain de corps, fils d’un lépreux, dont les enfants n’ont pas la maladie. Cela n’a rien d’extraordinaire. Éloué veut me décrire la lèpre, je la laisse faire et j ’écris sous ça dictée : Il y aurait sept espèces de lèpre. Première variété. — Tous les doigts tombent, os et viande. Deuxième variété. — Les doigts sont fléchis, crochus, à moitié ouverts. Troisième variété. — Comme, dit-elle, Achmed-Mah- moud (dessiné). Il vient de gros boutons sur le bras, le bouton devient jaune au sommet, il en sort du pus jaune, la place des boutons reste rouge toute la vie. Quatrième variété. — Une autre variété affecte Electié; elle a eu de la fièvre, les os lui ont fait mal, des boutons sont sortis aux jambe^, aux bras, à la figure, mais no n sur le ventre. Ces boutons sont nombreux, dès qu’ils sont sortis, on ne souffre plus des os, tandis qu’on souffrait avant l ’éruption des boutons. Dans cette variété, me dit Éloué, les boutons ne s’en vont jamais, et il n’en vient pas d’autres. Les malades ont de.la fièvre, du mal de tête.
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