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la reproduction de ses dessins. 11 en a été fait un recueil qui accompagne ce volume. Ainsi l’oeuvre de la publication est aussi complète que possible. Mes regrets sont grands néanmoins, quand, après avoir rendu compte des efforts réalisés pour la mise au jour des cahiers de notes d’Ernest Godard, je suis obligé de reconnaître que cette publication ne peut que bien imparfaitement éclairer; les lecteurs sur sa valeur intellectuelle et morale. Heureusement, il existe de lui des ouvrages qu’îl a pu terminer en toute liberté d’esprit et de temps, et dont la portée fait comprendre tout le parti qu’il aurait tiré des notes par lui recueillies en Orient; heureusement aussi, les derniers actes de sa vie, actes publics et solennels, révèlent toute la noblesse de son caractère. Ce ne peut être en effet un homme vulgaire celui qui, par ses connaissances spéciales bien mieux encore que par ses souffrances, iixé sur le sort lalal qui lui est réservé dans un avenir qui doit échoir le lendemain, a pu, à trente-six ans, riche et bien- aimé, écrire sans récriminer : Ce soit’ ou demain je serai mort. Je vous nomme mon exécuteur testamentaire. Vous voudrez bien accepter? Philosophé toute sa vie, Ernest Godard mourut sans cesser de l’être, libre de fictions métaphysiques, paraissant plutôt abdiquer la vie que mourir, et tout au souvenir de ses proches et de ses amis, dont son dévouement à la science l’avait éloigné. Il est un témoignage à jamais mémorable que les qualités du coeur comme celles de l’esprit sont originellement indépendantes des causes conventionnelles qui leur sont spéculativement assignées; que les sentiments affectifs ont leur source dans notre propre nature et qu’ils y acquièrent par l’éducation toute leur pureté ou du moins toute leur efficacité morale et sociale. « Mon état de faiblesse ne m’a pas permis de parapher toutes les corrections de mon testament. » Malgré les conditions de maladie et d’isolement dans lesquelles il écrit , c’est dans ce testament comme dans ses lettres que se révèle toute l’indépendance de caractère et l’excellence des sentiments du docteur Ernest Godard. Écrit pour ainsi dire à la dernière heure de son existence, ce document ne trahit aucune hésitation, aucune faiblesse. Rien n’y paraît que son estime pour ses amis, qu’un juste tribut d’admiration pour les institutions de son pays qu’il a jugées utiles et libérales.


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