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CHAPITRE VII LA FORÊT DES €ÈDRES Je quitte Miliana. Dans son corset de pierre à bastions, redans et courtines —les Romains déjà avaient là un castrum — elle est suspendue comme un balcon fleuri aux flancs nus du Zaccar, tout rouillés de minerai de fer. De magnifiques platanes bordent ses rues mornes, qu’a vidées l’exode du régiment de tirailleurs. Au pied de l’esplanade, emplacement de l’ancienne kasba turque, des eaux vives jaillissent et descendent en cascade dans les vergers d’arbres à feuilles caduques se mêlant aux orangers, aux oliviers. La vue s’étend sur d’immences vallonnements d’ocre rouge et jaune qui ne jalonnent aucunes routes. Invisible même la voie ferrée entre ses haies d’eucalyptus et de mimosas. Par places des miroitements d’acier révèlent le cours sinueux du Chélif. Comme de tous les paysages nord-africains se dégagent une grandeur, une rudesse, une mélancolie. Au long de la route en lacets bordée de cactus, une carriole me descend à Affreville. Très animé par contre, ce centre de colonisation n’aurait rien pour attirer s’il n’était le point de départ de l’autobus pénétrant le massif bleu de l’Ouarensenis dont hier soir, sur un ciel violemment empourpré, j’admirais les lignes nobles et puissantes. L’embarquement ne se fait pas sans difficultés. Il convient d’assortir les voyageurs. Entre les gros zouaves territoriaux on insinue les enfants. Des moukères sont tassées ensemble tout au fond. Autant que possible un Européen n’est pas côte-à-côte avec un indigène. Une mystérieuse protection me vaut la place favorisée auprès du chauffeur, un « Pepète » à fière mine d’hidalgo. De l'autre côté je suis flanquée par un jeune médecin-major dont le chien arabe se couche à nos pieds. Tout jeune, gros tas blanc où brillent des yeux inquiets dont l’éclat farouche s’adoucit en se posant sur le


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