entre eux, ils ne çonnpissent d’autres biens que ceux de la parenté, pt regardent,en eifet,comme leurs parens les personnes qu’ils aiment Les petits enfans qui venoient autour de moi, soit pour me caresser, soit pour admirer et compter mes boutons, m’appelloient leur grandr papa, J’étois le cousin des pères, l’oncle des jeunes filles ; et j ’avoue franchement que parmi mes nièces il s’en est trouvé plus d’une dont les instances naïves et les yeux charmans m’ont fait oublier l ’heure à laquelle j ’avois fixé mon départ. Quand on entre dans une maison , le protocole du salut est de donner la main au maître du logis , puis à tous les hommes qui composent le cercle ; si dans la compagnie il s’en rencontre un qu’on n’aime pas, alors on ne lui présente point la main ; et ce refus d’un témoignage commun d’amitié est une déclaration formelle qu’on le regarde comme son ennemi. Il n’en est point ainsi avec les femmes. On les embrasse toutes sans façon, l’une après l’autre : en excepter une du baiser, ce seroit un affront insigne; vieilles ou jeunes, fr faut les baiser toutes ; c’est un bénéfice avec les charges. A quelque heure de la journée que vous vous présentiez chez un colon, vous trouvez toujours sur la table la bouilloire et la théière t cet usage est général. Jamais les habitans ne boivent d’eau pure. Si un -étranger se présente chez eux, c’est du thé qu’ils lui offrent pour se rafraîchir ; eux-mêmes en prennent constamment pendant l ’intervalle des repas ; et même, comme il leur arrive souvent dp passer unepartie.de l’année sans vin ni bierre, ils n’ont, pour tout le jour, d’autre boisson que du thé. Un voyageur arrive-t-il chez eux à l’heure du dîner, quand la nappe est mise, il donne la main, il embrasse, .et de suite se place ■à table. Veut-il passer la nuit, il reste, il fume , prend du thé, demande des nouvelles, débite celles qu’il sait ; et le lendemain, après avoir de nouveau donné la main et baisé, il poursuit sa route, pour aller faire ailleurs la même cérémonie : offrir de l’argent seroit regardé comme une offense. On sent bien que l’éducation, dans une pareille contrée, doit différer entièrement "de ce qu’elle est en Europe. Là, les enfans n’ont point, comme ic i, ces petits tambours, ces trompettes, et tous ces joujoux bruyans ou inutiles par lesquels on donne le change à leur pétulence naturelle, pour les rendre un peu moins incommodes. Le seul amusement qu’ils commissent est en même tems pour eut un commencement d’éduoation. C’est l’usage, quand le chariot de la maison ne marche pas, dé le laisser en plein air à côté du logis. Dès que les enfans peuvent grimper sur la planche qui sert de siège, ils vont s’y placer ; et l à , un fouet en main , ils s’exercent à commander les boeufs qui n’y sont pas; à les appeller par leur nom , à frapper la place de celui qui est censé ne pas obéir assez vite, en un inot, à diriger la marche du ohar, pour le faire avancer , tourner , reculer à 'propos. Après avoir ainsi manié successivement des fouets faits pour leur âge , ils parviennent enfin à manier un bambou bien effilé, de quinze à seize pieds de long, dont la courroie est plus longue encore ; et avec lequel ils peuvent, à plus de vingt-cinq pieds de distance, enlever le caillou qu’on leur désigne, ou une pièce de monnoie jettée à terre. J’ai déjà parlé d’une chasse heureuse que m’avoit procurée un des Slaber, en tuant ainsi, avec une adresse vraiment prerveil- leuse„des oiseaux que je lui demandois. Swànepoel, mon compagnon de voyage, manquoit rarement une perdrix au vol; et, malgré son âge, il appliquoit même son Coup avec une telle force que dans une de nos courses je l’ai vu tuer roide une canne-pétière , beaucoup plus grosse que celle d’Europe. Quand un jeune colon sait conduite un char et manier un fouet, son éducation est presque achevee ; car on ne lui apprend ni à lire ni à écrire. A l’époque de sa quatorzième année il est admis dans les sociétés des hommes et prend sa place parmi eux ; et dès cet instant, il donne la main aux hommes, embrasse les femmes, et fume. On lui remet un fusil, avec le. droit de chasser autant qu’il le voudra ; et dès ce moment, entrant en jouissance de tous les droits des hommes, il est censé un homme lui-même, et ne tarde pas à se m m
27f 82-1
To see the actual publication please follow the link above